La double page de Dijon l’Hebdo consacrée au circuit de Dijon-Prenois donne une très belle image de cet endroit, un écrin de verdure… mais sur lequel des voitures roulent à 280 km/h, en faisant tellement de bruit que les bâtiments de réception du circuit sont insonorisés !
Un écrin de verdure qui s’est construit sur la destruction de 65 ha de forêt et qui voulait encore défricher 57 ha pour s’agrandir en 2018. Drôle de définition de l’écrin de verdure tout de même…
Si les bâtiments sont insonorisés, c’est probablement du fait du bruit des oiseaux et de l’eau des cascades de cet écrin de verdure ! Mais la réalité est tout autre, les nuisances sonores de ce circuit, qui dérangent même les utilisateurs au point d’être obligés de se réfugier dans des bâtiments insonorisés, ne s’arrêtent pas aux grilles du circuit. Les villages alentours en subissent tous les jours les conséquences. Construit dans les années 70 pour accueillir une compétition de formule 1 par an il est aujourd’hui utilisé 7 jours sur 7 du mois de mars au mois de novembre. Pas sûr qu’en 1970, si on avait présenté ce projet de circuit qui tourne maintenant tous les jours, il ait été aussi bien accepté par les riverains !
Heureusement, l’article nous rappelle que le circuit est une manne financière pour la communauté de communes et pour le village de Prenois. Pour la commune de Prenois, c’est aujourd’hui environ 30000 € qui tombent dans ses caisses chaque année ce qui représente moins de 10% de son budget. C’est une rentrée d’argent qui compte évidemment pour la commune mais qui ne permet pas de la faire vivre. Les habitants sont bien obligés de payer des impôts locaux aussi. Et les infrastructures du village sont loin d’être celles d’un village très riche : un terrain de tennis datant des années 80, un terrain multisports construit en 2020, une salle des fêtes vieillissante, moins que la commune voisine de Pasques qui elle ne touche aucune subvention de la part du circuit et dont la communauté de communes Ouche et Montagne ne touche rien non plus.
Mais le circuit serait le deuxième lieu le plus visité en Côte d’Or après les Hospices de Beaune, donc indispensable à l’économie de notre département et de notre région… lorsqu’on parle de la Bourgogne dans les livres touristiques, on pense évidemment tout de suite au circuit de Dijon-Prenois. Le vin, la gastronomie, le patrimoine, l’histoire de la Bourgogne passent après. On vient visiter la Côte d’Or pour son circuit automobile et ensuite on en profite pour aller dans le vignoble bourguignon puis visiter Dijon ou Beaune. Il n’en est rien évidemment, les utilisateurs du circuit arrivent la veille ou le matin même, repartent le soir ou le lendemain après avoir passé leur journée sur le circuit sans avoir bien entendu le temps de se rendre ailleurs. Ils auront utilisé une chambre d’hôte et un restaurant tout au plus (et beaucoup de carburant évidemment). Espérons que notre magnifique région à d’autres atouts touristiques qu’une piste de 3 km sur laquelle des voitures tournent en rond.
La COP 26 vient de se terminer, les dirigeants du monde entier se réunissent pour tenter de faire baisser nos émissions de CO2, et à Prenois, les bolides, qui ont fait en moyenne 250 km pour venir, continuent de rugir et brûlent du carburant sur la piste pendant toute la journée.
L’important c’est qu’ils le fassent dans un écrin de verdure !